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La symphonie des mots
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2 octobre 2007

HOMMAGE A LUCIANO PAVAROTTI

La dernière star classique

HOMMAGE A LUCIANO PAVAROTTI

Il s’est éteint dans la nuit du 5 septembre. A 71 ans, Luciano Pavarotti s’en est allé, laissant des millions de fans orphelins de leur star. Le cancer a eu le dessus sur une voix de légende, symbole d’une démocratisation de la musique classique.

Sans forcément l’avoir entendu chanter, tout le monde sait qui est Luciano Pavarotti. Sorte de père Noël en costard pour les uns, dieu du lyrisme ou imposteur pour les autres, il fait partie de ces vedettes que tout le monde connaît, de 7 à 77 ans. Sa vie, il l’a faite en grand. Beaucoup de concerts, de voyages... Il trouve même sa place dans le Guinness Book des records à deux reprises. Une fois à la page “Rappels” (165 lors d’une représentation en 1988, soit plus d’une heure d’applaudissements) et une autre à celle “Meilleure vente mondiale d’album classique” pour le disque des Trois Ténors avec Placido Domingo et José Carreras.

Des foules colossales se rendent à ses concerts. Il reçoit même le prix de l’Excellence culturelle fraîchement créé en Italie. Le petit instituteur fils de boulanger a fait du chemin... De doublure de ténors fameux, il devient référence incontournable du chant lyrique du XXe siècle. Se produisant devant des foules monstres, il est capable d’entraîner des stades de foot entiers sur des airs d’opéra : cela résume parfaitement la carrière de l’éternel optimiste Luciano Pavarotti. Sans rien perdre de son talent ni tomber dans le style bal populaire, il s’attache à démocratiser l’art lyrique. Car si Pavarotti se révèle débonnaire et peu élitiste, il n’en a pas moins une voix d’exception.

“Il n’y a pas de petite ni de grande musique, il y a juste la bonne et la mauvaise.”

La soprano Joan Sutherland se souvient de la première fois qu’elle entend le maestro : “C’était absolument phénoménal : une résonance fabuleuse, la couverture du son, et quelle tessiture, quelle sûreté !” Invité dans les plus grandes salles, Pavarotti enchaîne avec facilité les contre-ut. Plus de 400 représentations au Metropolitan Opera de New York, de nombreuses prestations à la Scala de Milan. Dans sa volonté d’ouvrir le plus grand nombre au style musical qu’il affectionne, l’Italien donne aussi des concerts en plein air. Les rues de Buenos Aires se remplissent de plus de 300.000 personnes lors d’une de ses représentations. Pavarotti avait l’impression de chanter devant une marée humaine. Mieux encore, 500.000 spectateurs et un million de téléspectateurs profiteront du ténor lors d’un concert à Central Park et plus d’un milliard de personnes regarderont sa prestation avec les Trois Ténors lors de la Coupe du monde de football en 1998.

La musique comme lien

La vision de Pavarotti, c’est le chant comme moyen de partage. Au début des années 1980, il crée ‘The Pavarotti International Voice Competition’, sorte de ‘Popstar’ sauce opéra avant l’heure. Roberto Alagna sera l’un des premiers vainqueurs du concours. Notre ténor national avoue considérer Pavarotti comme un “mentor et un prophète”. Aider les autres grâce à la chanson revient comme une obsession chez Pavarotti. De 1992 à 2002, il organise des concerts au profit du Guatemala, du Kosovo, du Tibet, du Liberia, de l’Irak... Des stars de la pop se joignent à lui pour ces manifestations intitulées ‘Pavarotti and Friends’. Une initiative qui lui vaudra d’être qualifié de “vrai ami de l’ONU” par le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon.

Une star controversée

Beaucoup se sont pourtant gaussés du grand ténor. “Il ne sait pas lire une partition”, “Il annule tous ses concerts”, “Il est capricieux”, “Il ne voyage pas sans ses cuisiniers”. Dans ‘Le Roi et moi’, livre au vitriol d’Herbert Breslin, celui qui fut le manager de Pavarotti pendant 36 ans va jusqu'à dire de son ancien patron qu’il a “quelque chose d'un guignol”. Certes, Pavarotti n’est pas musicien. Il le dit lui-même : “Apprendre la musique en lisant des ouvrages s’y rapportant est comme faire l’amour par courrier.”Karl Lagarfeld doit encore faire des cauchemars à cause de cette écharpe bariolée que le maestro ne quittait jamais, même en portant le smoking. C’est vrai, faire des duos avec les Spice Girls, Ricky Martin ou Boyzone n’améliore que très moyennement son image. Mais Pavarotti permet au chant lyrique de rester dans les charts.

“J’ai ouvert les portes de la musique à tout le monde. Ma voix rend heureux, c’est ma fierté, ma responsabilité.”

On pourrait débattre des heures de la qualité de telle ou telle chanson. Peut-être n’a-t-il pas fait les choix musicaux les plus audacieux, contrairement à son ami et collègue Placido Domingo. Néanmoins, nous avons tous, quelque part caché parmi nos disques, une chanson qui nous mettrait terriblement dans l’embarras s’il venait à se savoir qu’elle était là. Pourtant, cette chanson de la honte, c’est celle qui nous rend toujours le sourire. Peut-on du coup lui reprocher son manque de substance technique ou d’originalité ? Le but de la musique est de prendre du plaisir, en la faisant ou en l’écoutant.  Pavarotti a plus que rempli cette mission. Haro sur ceux qui lui reprochent ses choix artistiques. Oui, Mariah Carey n’est pas la Callas, mais les concerts ‘Pavarotti and Friends’ ont attiré des milliers de personnes. Comme l’a dit de façon plus poétique le chef d’orchestre Carlos Kleiber : “Quand Luciano Pavarotti chante, le soleil se lève sur le monde.”

Au XXe siècle, l’opéra a vécu grâce à Caruso, la Callas et Pavarotti. Ce dernier a réussi à démocratiser l’art lyrique, l’extrayant de son carcan de musique désuète “réservée aux riches”. On a eu beau le railler, Pavarotti a accompli quelque chose d’exceptionnel, sa célébrité agissant comme un moteur pour une musique classique marginalisée au XXe siècle. Espérons que l’engouement pour la musique classique ne s’éteindra pas avec lui.
Bien sûr,

Aurélie Louchart pour Evene.fr - Septembre 2007

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