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La symphonie des mots
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5 août 2010

Je ne cours pas après les prix

Je ne cours pas après les prix

voleurs_d_ombre_marc_l_vyAvec «Le voleur d'ombres » (éditions Robert Laffont), son onzième roman en dix ans, Marc Lévy pulvérise, une fois de plus, le box-office des ventes de livres. Mais la critique boude encore cet écrivain populaire.


- Votre dernier livre, «Le voleur d'ombres» est en tête des romans les plus vendus cet été. Pourtant, la critique et l'establishment littéraire vous boudent. Cela vous gêne-t-il ?

Pas du tout. Je ne sais pas qui a dit «on ne peut pas tout avoir». Mais c'est exactement ce que je pense.

- Le héros du «voleur d'ombres» rappelle la figure désormais légendaire de Holden Caulfield, le héros de «L'attrape-coeur» de J.-D.Salinger, et votre écriture se rapproche parfois du style de Philippe Delerme. Vous intégrez-vous dans une filiation littéraire ?

Non ! En tout cas, pas de façon consciente. Dire que l'on écrit dans la veine de telle ou telle famille d'écrivains serait très prétentieux. Cela dit, j'ai été très influencé par la littérature anglo-saxonne et je suis très sensible à la plume de Delerme, parce que cet écrivain a une non-peur d'écrire dans le registre de la tendresse et dans celui d'une certaine simplicité. J'ai sans doute été influencé, mais pas de façon consciente.

- Quel type de relation un auteur à succès, comme vous, entretient-il avec ses lecteurs?

La même que celle des autres auteurs, qu'ils aient du succès ou non. Il y a une grande différence entre un romancier et un acteur ou un chanteur. Le romancier n'est pas une personne physique qui intéresse son lecteur. Ce qui intéresse le lecteur, ce sont les histoires et les personnages. Je reçois énormément de courrier; internet permet cela. Je m'efforce de répondre à chacun de ces courriers, parce que c'est la moindre des choses. Mais je n'ai pas de fans, j'ai des lecteurs. On ne me demande pas de T-shirts. On me demande si tel ou tel personnage est vivant à la fin du livre. Pour «Le voleur d'ombres», on me demande pourquoi je n'ai pas donné de prénom au narrateur.

- De fait, il y a quelque chose d'intrigant dans ce choix de ne pas donner d'identité à votre personnage principal...

C'était un pari de construction. Dans mes romans précédents, je me suis toujours efforcé de ne jamais décrire physiquement mes personnages. Cela me fait sourire quand on parle à mon sujet «d'écriture cinématographique», parce qu'on ne peut imaginer un film dont le personnage serait flou à l'écran. Il n'y a que Woody Allen qui a réussi ce coup-là. Moins on décrit et plus on a travaillé. Dans le cas du «voleur d'ombres», je me suis dit que, si j'arrivais à ne jamais dire son prénom, alors j'aurais réussi mon gâteau comme j'avais envie de le faire.

- Le «best-seller» que vous êtes est-il frustré de n'avoir jamais été sélectionné par les jurys des prix littéraires ?

Pas du tout. Alors vraiment, pas du tout ! Cette histoire de prix et de classements est drôle. Plus les années passent et plus je me rends compte que l'être humain a besoin de classer les choses et les gens. Or, pour moi, s'il est un domaine de liberté absolue, c'est bien celui de l'écriture. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi on voudrait que l'écriture se pratique avec un casque intégral. Ce n'est pas une course. On écrit avec un stylo, du temps et dans la plus grande solitude. Si, un jour, je devais recevoir - c'est très improbable - un prix des libraires ou des lecteurs, je serais ravi. Mais ce n'est pas du tout quelque chose après quoi je cours. J'ai croisé un jour à Saint-Germain-des-Prés un confrère qui venait de publier un livre admirable. Je lui ai demandé: «Comment ça va ?» Il m'a répondu: «Comment veux-tu que cela aille ? Le Goncourt est dans huit jours !». Je me suis dit que c'était une grande tristesse que d'avoir écrit un si beau livre et d'être malheureux parce qu'on vit dans l'angoisse du Goncourt ! Une écrivaine égyptienne a dit quelque chose de très juste à propos de la manière dont on regarde la culture en France: «Le problème de la culture française, c'est que les élites veulent la mettre en costume-cravate. Et les tailleurs sont tous à Saint-Germain-des-Prés»...

Propos recueillis par Philippe Reinhard

Sur http://www.letelegramme.com/

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