Quand l'art offre un autre regard sur le handicap

Quand l'art offre un autre regard sur le handicap

Patrice Rouleau, au centre, le parrain de l'opération « A force d'art », entouré des responsables de l'APF et de Guy Mondorge, adjoint au maire chargé de la culture.

Le dessinateur Patrice Rouleau sera le parrain d'une exposition prévue par l'Association des paralysés de France avec des artistes en situation de handicap.

C'est une initiative de l'antenne locale de l'Association des paralysés de France (APF), indépendamment de toute campagne nationale ou internationale. Elle vise à changer le regard de tout un chacun sur le handicap. « Il s'agit de montrer que celui-ci peut être surmonté et dépassé au travers du travail artistique », note Geneviève Dourthe, coordinatrice de cette opération insolite.

Pendant plus d'une semaine en effet, du 9 au 18 février (1), les Écuries de Baroja ouvriront leurs portes aux artistes en situation de handicap. Ils y présenteront à la fois leurs œuvres et leur façon de travailler, qui bien souvent force l'admiration. Baptisée « À force d'art », cette exposition hors du commun a d'ailleurs choisi symboliquement la lunette comme fil conducteur. La lunette justement pour offrir ce fameux autre regard.

« C'est quelque chose qui aurait déjà dû se faire il y a deux ans, à l'occasion d'un congrès national que nous organisions », relève Jean-Paul Béret, le directeur de l'antenne Pays basque de l'APF. « Hélas, nous n'avions pas pu finaliser ce projet, nous le réalisons donc aujourd'hui, de manière tout à fait autonome. »

Les artistes qui y participeront habitent tous, plus ou moins, dans la région. À l'image de celui qui parrainera l'événement, en l'occurrence le dessinateur Patrice Rouleau, père du chien « Kaiku », dont l'humour chaleureux trouva pendant de longues années place dans nos colonnes. Lui-même tétraplégique et cloué sur une chaise roulante, sait mieux que quiconque ce que peut représenter l'effort de création pour les personnes à mobilité réduite.

« Communiquer par l'art, c'est revenir dans le monde des vivants, c'est une forme d'intégration pour le handicapé », explique-t-il. « C'est forcément une manière de sortir de son propre univers et d'aller vers les autres. Le fait d'être mis aux cimaises représente à cet égard une reconnaissance. »

Bien sûr cela ne coule pas de source et l'affaire peut s'avérer compliquée sur le plan pratique, tant pour l'artiste malvoyant que pour celui qui est privé de sa motricité. « Mais chacun met au point une technique adaptée, un système qui limite sa pénibilité », explique Patrice Rouleau. « Le handicap met l'artiste en situation d'exacerber sa personnalité. De toute façon, l'important reste l'idée qu'on veut exprimer, la technique finit toujours par suivre l'idée et une technique pure, sans idée, cela ne fonctionne pas. »

À l'arrivée, le regard du visiteur devra forcément faire preuve d'indulgence. « On ne peut pas venir avec un œil de critique d'art pour apprécier une œuvre qui est le fruit d'une grande difficulté. Celui qui recherche la beauté ne peut porter de jugement. »

Cette manifestation s'adresse par ailleurs aussi aux enfants, afin de les amener à constater la différence. Elle s'accompagne donc d'interventions en milieu scolaire ces jours-ci, ainsi qu'au centre de loisirs de Baroja.

Il s'agit aussi de leur montrer comment le handicap peut aider à dépasser ses limites. « Les obstacles n'ont jamais arrêté l'homme, ils sont faits pour être franchis », dit Patrice Rouleau. « Animé du même désir, à force de volonté, l'homme se dépasse. »

(1) « À force d'art », du 9 au 18 février, de 15 heures à 19 heures, aux Écuries de Baroja.

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Source : http://www.sudouest.fr/